samedi 26 juillet 2025

CLEMATITE : l’histoire méconnue d’un écran plat pour le Minitel, développé au CNET

Aujourd’hui omniprésents — dans nos téléviseurs, nos smartphones, nos montres connectées — les écrans plats ont connu une longue histoire, parfois méconnue. Loin d’être une invention strictement asiatique ou américaine, leur développement initial a connu un moment décisif… en Bretagne ! Plus précisément au Centre National d’Études des Télécommunications (CNET) de Lannion, à travers un projet ambitieux : CLEMATITE.

Le CNET, pépinière d’innovations

Créé pour coordonner la recherche télécoms en France, le CNET (notamment le centre de Lannion) s’est illustré dès les années 1970-1980 comme un acteur clé de l’innovation dans les technologies de l’information. Les Projets-CNET étaient des programmes de recherche pluriannuels structurés autour de thèmes porteurs, pilotés par des équipes internes et externes (industriels, universitaires, exploitants).

Parmi ces projets, on trouve des noms comme PROTEUS (microprocesseur de traitement du signal), RENAN (réseau intégrant téléphonie et données), ou encore MARATHON (communication mobile). Et au milieu de cette liste visionnaire : CLEMATITE, un projet pionnier consacré aux écrans plats pour le Minitel.

CLEMATITE : un écran plat pour le Minitel

Dans un contexte où l’écran cathodique dominait encore largement, le projet CLEMATITE visait un objectif audacieux : développer un écran plat à cristaux liquides (LCD) capable d’équiper le Minitel. Cela représentait un véritable défi technologique à l’époque : miniaturisation, consommation d’énergie réduite, lisibilité… autant de critères à optimiser simultanément.

Le CNET, avec ses ingénieurs de Lannion, a alors entamé un partenariat avec des laboratoires français spécialisés dans les cristaux liquides. Le but ? Créer un afficheur à faible épaisseur pouvant rivaliser avec les écrans traditionnels, et anticiper les usages futurs.



L’invention des écrans à cristaux liquides : un contexte européen

On attribue souvent l’invention du LCD à l’ingénieur suisse Martin Schadt, qui avec Wolfgang Helfrich, a mis au point en 1970 le principe de l’affichage à nématique à torsion (TN). Cette découverte, essentielle, a permis l’essor des premiers écrans plats véritablement exploitables à l’échelle industrielle.

Mais en France, le CNET et ses partenaires n’ont pas tardé à s’emparer de cette innovation pour l’adapter aux besoins des télécommunications : affichage d’informations, faible consommation, intégration dans les équipements existants (comme le Minitel). Le projet CLEMATITE s’inscrivait donc dans une dynamique européenne d’innovation, tout en intégrant une forte volonté d’indépendance technologique française.

Lannion, ville-pilote des télécoms

Le centre CNET de Lannion a longtemps été le creuset de cette dynamique. On y testait les nouvelles technologies de communication, on y développait les futurs réseaux (RNIS, fibre optique, visioconférence…), et on y formait les ingénieurs du futur. L’innovation autour de l’écran plat n’était qu’un des volets d’un écosystème plus vaste.

Des essais concrets ont même été réalisés dans les années 1980 sur des prototypes d’écrans plats en couleur, comme le montre un reportage de l’INA tourné à Lannion. Ces recherches posaient déjà les bases de ce que deviendraient les tablettes, les smartphones, et les téléviseurs ultra-fins que nous utilisons aujourd’hui.

Un héritage à redécouvrir

Alors que les écrans plats semblent aujourd’hui faire partie du paysage depuis toujours, il est important de reconnaître le rôle joué par la recherche française dans leur développement. Le projet CLEMATITE, mené dans le cadre des Projets-CNET, incarne cette période où l’innovation technologique française osait rivaliser avec les géants mondiaux.

Peu connu du grand public, cet épisode montre à quel point les télécommunications, l’électronique et la recherche fondamentale étaient (et restent) intimement liées.

Sources

 



vendredi 18 juillet 2025

Transfax

 Quand la France rêvait de télécopie haut débit

Dans les années 1980, la France tente de positionner son industrie des télécommunications à l’avant-garde mondiale. Parmi les initiatives oubliées mais ambitieuses : le projet Transfax. Retour sur ce service de télécopie haute vitesse, pensé comme révolutionnaire, mais vite dépassé.


1. De la télécopie grand public au Transfax professionnel

Tout commence dans les années 1970 avec une idée audacieuse : équiper chaque foyer français d’un télécopieur. Ce projet baptisé TGP (Télécopieur Grand Public) prévoyait la diffusion gratuite de millions d’appareils. Mais en 1978, il est abandonné, jugé irréaliste économiquement et mal accueilli politiquement (notamment par La Poste).

Transfax naît alors comme un repli stratégique vers les usages professionnels : l’idée est d’offrir un service de fax numérique à haut débit (64 kb/s, voire 2 Mb/s) aux grandes entreprises, avec des télécopieurs de groupe 4, interconnectés par un réseau spécialisé.


2. Un service techniquement avancé...

Le projet Transfax, lancé officiellement en 1980 :

  • S’appuie sur des télécopieurs haut de gamme CITEFAX 300/400/500.

  • Permet des liaisons point-à-point rapides, nationales (Paris–Lyon) et internationales (Paris–New York).

  • S’accompagne d’un système de services intégrés : accusés de réception, multidiffusion, archivage, passerelles vers le Télex ou Télétex.

Il devait incarner la vitrine technologique française, au croisement de la télécopie, des messageries électroniques et des réseaux numériques.


3. … mais un échec commercial total

Malgré les ambitions, Transfax n’a jamais décollé :

  • Très peu de clients (7 à peine en 1981) et une utilisation marginale.

  • Des pannes à répétition, des bourrages papier fréquents, une fiabilité insuffisante.

  • Un coût prohibitif : près de 100 000 francs par poste, avec une rentabilité conditionnée à l’envoi de plus de 600 pages par mois.

  • Des problèmes d’intégration dans les organisations (secrétariats réticents, non consultés, peu formés).

Résultat : le service est fermé en 1986, sans avoir dépassé le stade expérimental.


4. Comparaison avec les autres technologies : Fax, Télétex, X400

Pour mieux comprendre l’échec de Transfax, il faut le comparer à trois autres technologies de la même époque :

TechnologieObjectifRéseau utiliséSuccès ou échec ?Pourquoi ?
Fax (Groupe 3)Télécopie universelle à bas débitRéseau téléphonique (RTC)✅ Succès mondialFacile à utiliser, bon marché, compatible partout
TélétexRemplacer le Télex avec des documents textuels enrichisRéseau numérique spécialisé (Transpac, RNIS)❌ Échec relatifTrop complexe, mauvaise ergonomie, ignoré des PC
X400Créer une messagerie électronique normaliséeTranspac, réseaux OSI❌ Échec (hors EDI)Trop lourd, trop tard, concurrencé par SMTP
TransfaxTélécopie rapide pour les entreprisesLiaisons spécialisées, RNIS❌ Échec completTrop cher, peu fiable, mal adapté aux usages réels

Le Fax de groupe 3, malgré ses limites techniques, a remporté la bataille grâce à sa simplicité, son coût abordable, et sa compatibilité universelle. Les autres technologies – Transfax, Télétex, X400 – ont souffert d’un excès de sophistication, de normes contraignantes, et d’un décalage avec les besoins du terrain.


5. L’héritage de Transfax : une influence souterraine

Même si Transfax a échoué :

  • Il a donné naissance à des services comme Atlas 400 (messagerie et conversion de formats) et Viafax.

  • Il a inspiré la réflexion sur l’interconnexion des services (télécopie, messagerie, texte), au moment où l’on cherchait des systèmes « ouverts » (OSI).

  • Il montre les limites d’une stratégie technocratique, centralisée, trop éloignée des usages réels – un enseignement encore précieux aujourd’hui.


Conclusion : Transfax, ou la grandeur contrariée de la télécopie française

Transfax est un symbole typique des projets technologiques ambitieux mais déconnectés du terrain : une belle idée, trop tôt, mal exécutée, concurrencée par des solutions plus simples. À une époque où la France voulait maîtriser ses télécoms et sa bureautique, ce projet illustre aussi la tension entre innovation technologique et réalité des usages

Illustration : 



Le Tégéfax

Quand la télécopie révolutionnait la communication professionnelle

Au cœur des années 1980, alors que l'informatique grand public en était à ses balbutiements, une autre technologie connaissait un essor spectaculaire dans le monde professionnel : la télécopie. Et au centre de cette révolution, un nom ressort : le Tégéfax.

Une croissance fulgurante du marché

En France, le marché de la télécopie connaissait une croissance annuelle impressionnante de 30 %, avec un objectif de 60 000 télécopieurs installés d'ici fin 1986. Le Tégéfax, développé pour un usage professionnel et distribué par Thomson CSF, visait à représenter 60 à 65 % de ce parc, en ciblant les grandes organisations et entreprises de plus de 200 salariés.

Un succès également américain

Outre-Atlantique, la dynamique était similaire : 300 000 télécopieurs en service, 40 000 ventes par an, et un acteur clé : 3M, qui distribuait le Tégéfax aux États-Unis. Le succès fut tel que 30 000 unités furent commandées par 3M à Thomson CSF pour le seul marché américain.

Le Tégéfax : performance et compatibilité

Conçu pour la grande diffusion, le Tégéfax offrait des fonctionnalités riches, notamment en matière de compatibilité avec les normes internationales de télécopie (groupes 2 et 3). Il proposait aussi des cadences de production rapides tout en conservant un coût maîtrisé de 23 500 F, ce qui le plaçait dans une excellente position sur le marché, aussi bien en France qu’aux États-Unis.

Un point fort du Tégéfax était sa facilité d’installation : une simple prise de courant et une ligne téléphonique suffisaient. Il permettait aussi l’envoi automatique d’un même document à plusieurs destinataires — un luxe pour l’époque.

Tégéfax ou télécopieur : quelle différence ?

Pour préciser :

  • "Télécopieur" est le terme générique pour désigner une machine permettant de transmettre des documents à distance via une ligne téléphonique (ce qu'on appelle communément un fax).

  • "Tégéfax" est le nom donné par Thomson CSF à l’un de ses modèles ou gammes de télécopieurs destinés à un usage professionnel et à grande diffusion.

  • Il existait d'autres modèles comme le Profax (également cité dans la publicité EGT), eux aussi des télécopieurs, simplement commercialisés sous d'autres noms.

Le Tégéfax se distinguait donc par ses performances, sa compatibilité, son prix compétitif et son positionnement commercial, mais il utilisait bien la même technologie de base que les autres télécopieurs de son époque (compatibilité groupe 2 et 3, transmission sur ligne téléphonique, etc.).

En résumé : Tous les Tégéfax sont des télécopieurs, mais tous les télécopieurs ne sont pas des Tégéfax.

EGT, acteur clé de la diffusion

En France, c’est l’entreprise EGT, filiale de Thomson, qui assurait la commercialisation des télécopieurs Tégéfax (et également Profax). Dans une publicité de l’époque, on vante la transmission ultra-rapide d’un document A4 en 20 secondes, ainsi qu’un service de maintenance en moins de 48 heures, garantissant une réactivité essentielle pour les professionnels.

Un outil pour les entreprises et l’administration

Les PTT (Postes, télégraphes et téléphones) eux-mêmes avaient adopté la solution pour leurs propres besoins, avec 1 000 unités commandées sur trois ans, preuve de la confiance des institutions publiques dans cette technologie.


Conclusion

Le Tégéfax incarne un tournant dans l’histoire des communications professionnelles. À une époque où l’e-mail n’existait pas encore, il offrait une solution rapide, fiable et accessible pour transmettre des documents manuscrits ou graphiques à travers le monde.

Aujourd’hui tombé dans l’oubli, le Tégéfax reste un symbole de l’innovation française en matière de communication dans les années 80, au même titre que le Minitel ou les premiers micro-ordinateurs.

Tégéfax

Extrait d'un rapport du Sénat en 1984 :



Exemple sur une carte de visite :



Le câble en France : retour sur une histoire méconnue

L’histoire du câble en France commence discrètement au début des années 1980 avec une expérimentation innovante à Biarritz, menée par les PTT (ancêtre de France Télécom). Cette initiative visait à explorer les usages futurs de la télécommunication résidentielle, en testant la distribution de chaînes de télévision, mais aussi des services encore très avant-gardistes comme la visiophonie, la vidéodiffusion à la demande, ou le vidéotex interactif.

Techniquement, le réseau était basé sur de la fibre optique, une prouesse pour l’époque, mais c’est bien la logique de télédistribution multiservices qui a été retenue par la suite comme modèle pour le déploiement du câble en France. Cette expérience grandeur nature, lancée en 1983 et inaugurée officiellement en mai 1984, a permis de valider les fondements techniques, commerciaux et politiques d’un futur Plan Câble (réseau câblé national), pensé comme complémentaire du réseau téléphonique, principalement pour la distribution de la télévision dans les zones urbaines..

Les débuts institutionnels et industriels

Le 6 juin 1985, le groupe Lyonnaise des Eaux crée la société Paris Câble, future Lyonnaise Câble, qui deviendra par la suite Noos, puis Numericable. Dès le 26 janvier 1986, la Lyonnaise des Eaux structure ses activités autour d’un pôle baptisé Lyonnaise Communications, avec pour objectif de constituer et exploiter un réseau câblé multivilles à l’échelle nationale.

En 1982, le gouvernement lance officiellement le Plan Câble, fondé sur un cahier des charges national. Ce plan marque l'ouverture commerciale des réseaux câblés, notamment à Paris, dans l’objectif de proposer une offre de télédistribution concurrente à l’antenne hertzienne classique.

La télévision à la carte : l’époque du « forfait Étoiles »

Au tournant des années 1990 et 2000, Lyonnaise Câble puis Noos introduisent le « forfait Étoiles », une offre inédite qui permettait aux abonnés de composer leur propre bouquet télévisuel à la carte. Le principe était simple : chaque chaîne ou groupe de chaînes était associée à un certain nombre d’« étoiles », que l’on pouvait répartir selon ses préférences, dans la limite du forfait mensuel choisi. Cette formule souple et personnalisable annonçait déjà une logique plus moderne de consommation à la demande, à une époque où les bouquets TV étaient encore très figés. L’offre a marqué une génération d’abonnés avant d’être progressivement abandonnée avec l’unification des offres sous la marque Numericable.

Expansion et évolution technologique

En 1996, seize opérateurs régionaux fusionnent pour renforcer Lyonnaise Communications, consolidant ainsi un réseau plus homogène à l’échelle du pays. Deux ans plus tard, en 1998, la Ville de Paris cède sa participation dans Paris TV Câble à Lyonnaise Câble, qui devient ainsi l’unique exploitant du réseau câblé parisien.


C’est également à cette époque que débute la transition vers le numérique. Le réseau adopte progressivement la norme DVB-C pour la diffusion, tout en conservant un bouquet analogique en Sécam jusqu’en 2012.




L’arrivée des services triple play

Pendant longtemps, le câble a servi essentiellement à la diffusion télévisuelle. À la fin des années 1990, Lyonnaise Câble lance son propre service d’accès à Internet baptisé Cybercâble, l’un des premiers accès grand public à Internet haut débit par câble en France. Le service permet une connexion permanente, mais avec une facturation au volume de données échangées, ce qui limitait les usages à l’époque.

Après l’abandon progressif de la marque Lyonnaise Câble au profit de Noos, le service devient NoosNet, tout en poursuivant le développement de l’offre Internet. Quelques années plus tard, le téléphone arrive à son tour sur le câble, complétant l’offre avec la télévision et l’Internet : c’est la naissance du triple play.

En parallèle, du côté du réseau téléphonique (ADSL), ce n’est qu’à partir de fin 2003 que les premières offres TV via l’ADSL apparaissent, venant concurrencer directement le câble sur son terrain historique. Cette chronologie rappelle que le câble a été historiquement en avance sur certains usages multimédias, même s’il a ensuite été largement rattrapé — voire dépassé — par l’ADSL, puis par la fibre optique.

Tv et internet illimité


Chronologie simplifiée :

Année Événement
1980 Expérimentation du câble à Biarritz
1985 Création de Paris Câble (Lyonnaise des Eaux)
1986 Lancement officiel du Plan Câble
1996 Fusion de 16 opérateurs câblés
1998 Naissance de Noos – début du numérique DVB-C
1999 Lancement de Cybercâble (Internet par câble)
2000s Forfait Étoiles et NoosNet
2003 Première TV par ADSL
2012 Fin de l’analogique en Sécam

Câble vs ADSL vs Fibre

TechnologieSupportDébit max théoriquePartage du débit ?TV
Câble (DVB-C, Docsis)CoaxialJusqu'à 1 GbpsOuiOui
ADSLPaires de cuivre téléphoniquesJusqu'à 20 MbpsNonDepuis 2003
Fibre optiqueFibreJusqu'à 10 Gbps+NonOui

Quand les modems voulaient aller plus vite : X2, K56flex et l’arrivée du 56K


Avant l’ADSL, la lente conquête du haut débit

À la fin des années 1990, avant que l’accès à Internet à large bande (via l’ADSL sur les lignes téléphoniques ou le DOCSIS sur les réseaux câblés) ne se généralise, deux constructeurs de modems ont tenté de dépasser la limite de 33,6 kbit/s — le maximum autorisé par les modems analogiques sur le RTC (Réseau Téléphonique Commuté).

U.S. Robotics a alors développé la technologie X2, tandis que Lucent proposait le K56flex. Leur ambition : permettre un débit descendant jusqu’à 56 kbit/s, tout en conservant un débit montant de 33,6 kbit/s.

Deux standards incompatibles… et un casse-tête pour les FAI

Ces deux technologies étaient incompatibles entre elles. Pour les fournisseurs d’accès à Internet, cela impliquait de s’équiper en double : ils devaient installer du matériel supportant à la fois X2 et K56flex afin d’accepter les connexions de leurs clients, quel que soit leur modem.

Heureusement, cette guerre de formats n’a pas duré.

L’arrivée de la norme V.90

En 1998, l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) met fin à la fragmentation du marché en adoptant une norme commune : V.90. Ce standard unifie les approches des deux géants et impose un mode de transmission compatible avec la plupart des modems analogiques.

U.S. Robotics proposa à ses clients de renvoyer leur modem X2 pour recevoir un modèle conforme à la norme V.90. Chez d'autres fabricants, une simple mise à jour du firmware suffisait parfois pour effectuer la transition.

V.92 : dernière évolution des modems 56K

En 1999, la norme V.92 apporte plusieurs améliorations importantes :

  • Débit montant augmenté : jusqu’à 48 kbit/s, contre 33,6 auparavant.

  • Quick Connect : le modem se connecte plus rapidement en mémorisant les caractéristiques de la ligne.

  • Modem-on-Hold : permet de suspendre la connexion Internet pour répondre à un appel entrant, à condition de disposer du service de double appel.

C’était la dernière grande évolution des modems analogiques avant l’arrivée massive de l’ADSL, qui rendit ces équipements obsolètes… mais pas oubliés.

passage au 56K

Une guerre de brevets en coulisses

Derrière la guerre technologique entre X2 et K56flex se cachait aussi une bataille juridique, incarnée par Brett Townshend, l’inventeur du modem 56K. C’est lui qui a mis au point le principe permettant de tirer parti d’une particularité du réseau téléphonique public pour atteindre 56 kbit/s en réception, tout en restant compatible avec les modems analogiques.

Townshend a mené de longs combats judiciaires pour faire valoir ses brevets sur cette technologie. Même après l’adoption de la norme V.90, il détenait encore cinq brevets clés, et a réussi à obtenir des royalties allant jusqu’à 2,50 $ par modem à leur pic. En 2004 encore, il réglait des litiges avec des fabricants qui utilisaient sa technologie sans licence.

Loin de vouloir lancer sa propre marque de modems, il choisit une stratégie plus simple : concéder des licences à ceux qui étaient déjà dans l'industrie. « Je n’ai pas besoin de les concurrencer, je peux simplement leur vendre une licence », expliquait-il. Une décision qui lui aura permis de rester un acteur-clé de cette époque, sans jamais entrer dans le jeu commercial classique.

VIDÉOPLAN – Le Google Street View français oublié

Une station de métro parisien dans le quartier de la Madeleine. Un passant s’arrête devant une étrange borne surmontée d’un dôme. Il tape une adresse, et comme par magie, des images réelles des rues de Paris s’affichent à l’écran : le chemin illustré en photos, rue après rue. Le système lui imprime un ticket personnalisé, indiquant le parcours, la distance, le temps de trajet. 

C’était Vidéoplan, un projet visionnaire développé par une entreprise française méconnue : Logovision.

Vidéoplan à Paris
Vidéoplan dans une station de métro

Bien avant les GPS, les smartphones et Google Street View, Vidéoplan proposait une navigation urbaine basée sur des images réelles.
Pas de carte numérique, pas de satellite. Juste de la photo, de la logique, et un écran cathodique.
Le voyageur ne se voyait pas "suivre une ligne", mais reconnaître visuellement son futur trajet. Une révolution douce.

Une entreprise fantôme : Logovision

Le système aurait été testé dans le métro parisien, quartier de la Madeleine.
Mais l’histoire s’est arrêtée là.

La société Logovision, fondée ou représentée par un certain Gérard Dahan, déposa sa marque en 1983. Puis plus rien. Aucun brevet diffusé, aucune documentation technique disponible. Le nom a disparu des archives publiques dans les années 1990. Un projet pilote ? Une tentative avortée ? Un rêve trop en avance ?

Une seule trace restante…

Aujourd’hui, une seule image circule.
Une photographie d’époque, extraite d’un vieux magazine. Deux hommes debout, l’un interagissant avec la borne, l’autre observant, pensif.
Un écran, une interface physique, un monde analogique suspendu dans le temps.

Aucun article spécialisé, revue technique ou rapport historique disponible en ligne ne mentionne explicitement ce dispositif.

Pourquoi c’est important

Parce que Vidéoplan a existé.
Et parce que des gens ont rêvé, conçu, et installé une technologie capable de guider un citadin à travers la ville grâce à des images, et non des cartes.
À une époque où Internet n’existait pas pour le grand public.

Et maintenant ?

Tu lis peut-être ceci des décennies plus tard, sur un téléphone connecté à des satellites.
Mais sache que dans les années 80, dans une station de métro, quelqu’un a vu son futur trajet défiler sur un écran.
Et qu’il ne l’a peut-être jamais oublié.

Fiche technique

ÉlémentDétail
NomVidéoplan
FonctionSimulateur de trajet avec images de rue
EntrepriseLogovision (France)
PériodeVers 1988
Lieu de testMétro de Paris, quartier de la Madeleine
État actuelDisparu, aucune archive publique connue
Source uniquePhoto d’un magazine d’époque : Popular Science - mars 1988

dimanche 19 février 2017

Téléchargement par minitel - 6Ktel et Quickel


Au début des années 90, les pc à domicile étaient rarement équipés d'un modem. Le web venait d'être créé et peu de monde se connectait à Internet.
Les ordinateurs qui possédaient un modem pouvaient s'en servir pour envoyer ou recevoir des fax par exemple ou accéder à des BBS.
A contrario, beaucoup de foyers possédaient un Minitel.

Des astuces sont alors apparues pour utiliser le modem intégré du Minitel afin de télécharger des fichiers directement sur un pc.
Pour cela il fallait un câble spécial qui faisait l'interface entre le port série du pc et la prise péri-informatique du minitel (prise ronde DIN).

Câble péri-informatique DIN vers port série DB25
La prise péri-informatique est apparue en premier sur les Minitel 1B.

Les ports série d'un PC étaient à la norme RS-232. Ils pouvaient être à 9 ou 25 broches (DB9 ou DB25).

Adaptateur prise DB25 mâle vers DB9 femelle

La prise péri-informatique du minitel était au format DIN à 5 broches femelles à 180°.
Le débit du Minitel 1B était de 1200 bauds en réception et de 75 bauds en émission!
D'autres Minitel plus récents pouvaient aller jusqu'à 9600 bits/s en réception.

Pour relier le Minitel au PC il était donc nécessaire d'acheter un câble avec une prise DIN mâle d'un côté et une prise DB9 ou DB25 femelle à l'autre extrémité.
Ce câble valait environ 100 francs avec la disquette contenant le logiciel 6Ktel ou Quicktel.

Câble DIN minitel vers DB9 grâce à un adaptateur DB25 vers DB9 (visible au second plan) 
Une fois le câble branché, entre le PC et le Minitel, il était nécessaire d'installer sur le PC les logiciels de gestion des transferts comme 6Ktel, Quicktel ou Sapristi (d'autres logiciels existaient mais je n'ai plus la liste).

Les fournisseurs de contenus, comme par exemple le 3615 SMI, annonçaient un débit de
6 Ko/min!
6Ktel portait donc bien son nom, et Quicktel ne proposait pas de meilleurs débits.

On y trouvait des logiciels de bureautique, des utilitaires de copie ou de formatage, des jeux, des économiseurs d'écran etc.

Alors avec un débit de 6 Ko par minute il fallait être très très patient, et cela même si les logiciels de cette époque étaient beaucoup moins volumineux qu'aujourd'hui. Un logiciel de 100Ko était téléchargé en presque 17 minutes!
Sans parler du coût de ce téléchargement, les services Télétel avec accès par le numéro 3615 étaient facturés généralement 1,27 francs/min et 2,19 francs/min par le 3617.

Par comparaison avec une connexion ADSL du début des années 2000, à 512 Kbits/s, un téléchargement par 6Ktel ou avec Quicktel est 400 fois moins rapide.

L'autre inconvénient de ce type de téléchargement est que le modem du minitel utilisait les même fréquences que celles pour la voix sur la ligne téléphonique. Il était donc impossible de recevoir ou d'émettre un appel vocal pendant l'utilisation du Minitel.

Par la suite les PC et les modems sont devenus moins chères et plus accessibles. Il était alors possible de se connecter à internet en 14400 kbits/s, puis 28800 kbits/s, puis 33600 kbits/s et enfin 56000 kbits/s avec les technologies X2 ou K56Flex (norme V.90/V.92). Les téléchargements de fichiers sont devenus plus rapides et donc beaucoup moins chère qu'en utilisant 6Ktel et un Minitel. Mais le problème restait le même, le téléphone était inutilisable pendant l'utilisation du modem.

Les connexions à Internet par modem ADSL ou modem câble ont résolu ce problème. L'ADSL utilise d'autres fréquences et le modem câble utilise un autre support que la ligne téléphonique.