Quand la télécopie révolutionnait la communication professionnelle
Au cœur des années 1980, alors que l'informatique grand public en était à ses balbutiements, une autre technologie connaissait un essor spectaculaire dans le monde professionnel : la télécopie. Et au centre de cette révolution, un nom ressort : le Tégéfax.
Une croissance fulgurante du marché
En France, le marché de la télécopie connaissait une croissance annuelle impressionnante de 30 %, avec un objectif de 60 000 télécopieurs installés d'ici fin 1986. Le Tégéfax, développé pour un usage professionnel et distribué par Thomson CSF, visait à représenter 60 à 65 % de ce parc, en ciblant les grandes organisations et entreprises de plus de 200 salariés.
Un succès également américain
Outre-Atlantique, la dynamique était similaire : 300 000 télécopieurs en service, 40 000 ventes par an, et un acteur clé : 3M, qui distribuait le Tégéfax aux États-Unis. Le succès fut tel que 30 000 unités furent commandées par 3M à Thomson CSF pour le seul marché américain.
Le Tégéfax : performance et compatibilité
Conçu pour la grande diffusion, le Tégéfax offrait des fonctionnalités riches, notamment en matière de compatibilité avec les normes internationales de télécopie (groupes 2 et 3). Il proposait aussi des cadences de production rapides tout en conservant un coût maîtrisé de 23 500 F, ce qui le plaçait dans une excellente position sur le marché, aussi bien en France qu’aux États-Unis.
Un point fort du Tégéfax était sa facilité d’installation : une simple prise de courant et une ligne téléphonique suffisaient. Il permettait aussi l’envoi automatique d’un même document à plusieurs destinataires — un luxe pour l’époque.
Tégéfax ou télécopieur : quelle différence ?
Pour préciser :
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"Télécopieur" est le terme générique pour désigner une machine permettant de transmettre des documents à distance via une ligne téléphonique (ce qu'on appelle communément un fax).
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"Tégéfax" est le nom donné par Thomson CSF à l’un de ses modèles ou gammes de télécopieurs destinés à un usage professionnel et à grande diffusion.
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Il existait d'autres modèles comme le Profax (également cité dans la publicité EGT), eux aussi des télécopieurs, simplement commercialisés sous d'autres noms.
Le Tégéfax se distinguait donc par ses performances, sa compatibilité, son prix compétitif et son positionnement commercial, mais il utilisait bien la même technologie de base que les autres télécopieurs de son époque (compatibilité groupe 2 et 3, transmission sur ligne téléphonique, etc.).
En résumé : Tous les Tégéfax sont des télécopieurs, mais tous les télécopieurs ne sont pas des Tégéfax.
EGT, acteur clé de la diffusion
En France, c’est l’entreprise EGT, filiale de Thomson, qui assurait la commercialisation des télécopieurs Tégéfax (et également Profax). Dans une publicité de l’époque, on vante la transmission ultra-rapide d’un document A4 en 20 secondes, ainsi qu’un service de maintenance en moins de 48 heures, garantissant une réactivité essentielle pour les professionnels.
Un outil pour les entreprises et l’administration
Les PTT (Postes, télégraphes et téléphones) eux-mêmes avaient adopté la solution pour leurs propres besoins, avec 1 000 unités commandées sur trois ans, preuve de la confiance des institutions publiques dans cette technologie.
Conclusion
Le Tégéfax incarne un tournant dans l’histoire des communications professionnelles. À une époque où l’e-mail n’existait pas encore, il offrait une solution rapide, fiable et accessible pour transmettre des documents manuscrits ou graphiques à travers le monde.
Aujourd’hui tombé dans l’oubli, le Tégéfax reste un symbole de l’innovation française en matière de communication dans les années 80, au même titre que le Minitel ou les premiers micro-ordinateurs.
Extrait d'un rapport du Sénat en 1984 :
Exemple sur une carte de visite :
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