vendredi 18 juillet 2025

Quand les modems voulaient aller plus vite : X2, K56flex et l’arrivée du 56K


Avant l’ADSL, la lente conquête du haut débit

À la fin des années 1990, avant que l’accès à Internet à large bande (via l’ADSL sur les lignes téléphoniques ou le DOCSIS sur les réseaux câblés) ne se généralise, deux constructeurs de modems ont tenté de dépasser la limite de 33,6 kbit/s — le maximum autorisé par les modems analogiques sur le RTC (Réseau Téléphonique Commuté).

U.S. Robotics a alors développé la technologie X2, tandis que Lucent proposait le K56flex. Leur ambition : permettre un débit descendant jusqu’à 56 kbit/s, tout en conservant un débit montant de 33,6 kbit/s.

Deux standards incompatibles… et un casse-tête pour les FAI

Ces deux technologies étaient incompatibles entre elles. Pour les fournisseurs d’accès à Internet, cela impliquait de s’équiper en double : ils devaient installer du matériel supportant à la fois X2 et K56flex afin d’accepter les connexions de leurs clients, quel que soit leur modem.

Heureusement, cette guerre de formats n’a pas duré.

L’arrivée de la norme V.90

En 1998, l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) met fin à la fragmentation du marché en adoptant une norme commune : V.90. Ce standard unifie les approches des deux géants et impose un mode de transmission compatible avec la plupart des modems analogiques.

U.S. Robotics proposa à ses clients de renvoyer leur modem X2 pour recevoir un modèle conforme à la norme V.90. Chez d'autres fabricants, une simple mise à jour du firmware suffisait parfois pour effectuer la transition.

V.92 : dernière évolution des modems 56K

En 1999, la norme V.92 apporte plusieurs améliorations importantes :

  • Débit montant augmenté : jusqu’à 48 kbit/s, contre 33,6 auparavant.

  • Quick Connect : le modem se connecte plus rapidement en mémorisant les caractéristiques de la ligne.

  • Modem-on-Hold : permet de suspendre la connexion Internet pour répondre à un appel entrant, à condition de disposer du service de double appel.

C’était la dernière grande évolution des modems analogiques avant l’arrivée massive de l’ADSL, qui rendit ces équipements obsolètes… mais pas oubliés.

passage au 56K

Une guerre de brevets en coulisses

Derrière la guerre technologique entre X2 et K56flex se cachait aussi une bataille juridique, incarnée par Brett Townshend, l’inventeur du modem 56K. C’est lui qui a mis au point le principe permettant de tirer parti d’une particularité du réseau téléphonique public pour atteindre 56 kbit/s en réception, tout en restant compatible avec les modems analogiques.

Townshend a mené de longs combats judiciaires pour faire valoir ses brevets sur cette technologie. Même après l’adoption de la norme V.90, il détenait encore cinq brevets clés, et a réussi à obtenir des royalties allant jusqu’à 2,50 $ par modem à leur pic. En 2004 encore, il réglait des litiges avec des fabricants qui utilisaient sa technologie sans licence.

Loin de vouloir lancer sa propre marque de modems, il choisit une stratégie plus simple : concéder des licences à ceux qui étaient déjà dans l'industrie. « Je n’ai pas besoin de les concurrencer, je peux simplement leur vendre une licence », expliquait-il. Une décision qui lui aura permis de rester un acteur-clé de cette époque, sans jamais entrer dans le jeu commercial classique.

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